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Humeurs d'une éotopiette

30 avril 2016

Le bio et le "tout naturel", c’est génial pour les animaux.

fleurs arrosoir
Nous avons déjà compris, grâce aux vidéos d’L214 dernièrement diffusées, qu’être un « animal bio » ne change rien aux tortures morales, et très probablement physiques, que, en tant qu’être sentient destiné à la dévoration humaine, vous aurez à subir dans l’abattoir.

On sait aussi qu’en agriculture bio, on n’est pas pour autant plus tendre avec les bêtes dites « nuisibles », telles par exemple les limaces, qu’on peut ainsi trancher en deux d’un coup de bêche, plutôt que de les empoisonner.

J’ai quant à moi réalisé, suite à ma récente expérience avec un paysan bio, que bio signifie aussi l’interdiction de dispenser certaines médications aux animaux ; mais parfois, alors qu’il n’existe pas d’interdiction légale, c’est le paysan lui-même qui s’impose une éthique stricte du seulement naturel, au nom de laquelle, par exemple, il préfère laisser crever des agneaux dont les mères, souffrant de mammites, se refusent à se laisser téter : entre autres, il faudrait acheter du colostrum bio, et ça coûte cher, en plus ce serait du colostrum de vache, donc pas naturel (bien qu’efficace)… Alors on ne fait rien et l’agneau meurt de faim.

Quelques mois auparavant, j’avais aussi découvert l’état atroce dans lequel se trouvaient les pauvres poules bio qu’une amie du Loir-et-Cher avaient été acheter à un éleveur bio, pour tenter de leur offrir une vie plus décente, sans surpopulation… Ces poules, souffreteuses, déplumées, becs rognés, ressemblaient à s’y méprendre aux fantômes de poules industrielles qu’on découvre via les vidéos d’associations antispécistes.

J’avais aussi, il y a environ deux ans, été questionner un éleveur de "bœufs à viande" qui jouissaient de l’extraordinaire chance de pouvoir connaître, durant quelques mois d’été et ceci pendant les trois ans de leur existence programmée, une vie en pleine nature, genre bio. Cependant, ces veaux – je les avais rencontrés pour la première fois bébés – ne dégageaient aucune joie. En fait, c’était même tout le contraire ; ils m’évoquaient des enfants sous choc traumatique (j’en ai rencontré via mon expérience d’orthophoniste en pédo-psychiatrie), exposés à une telle angoisse de séparation qu’ils en étaient restés tétanisés, repliés sur eux-mêmes dans une posture autistique : incapables de gambader, jouer, courir dans l’herbe fraîche, me regarder franchement, sans crainte. Mes soupçons avaient alors été confirmés par leur « fermier » : ces bébés avaient été séparés de leurs mamans respectives le jour de leur naissance, avaient voyagé depuis les quatre coins de la France pour rejoindre l’exploitation agricole de leur nouveau « propriétaire », qui s’était vite fait un devoir de les castrer à vif, muni de pinces, puis, dès que leurs cornes avaient commencé à poindre, avait brûlé au fer rouge les petits bourgeons, toujours sans anesthésie. Que de traumatismes, à un âge si tendre ! 

Ce matin, alors que j’étais plongée en pleine écriture d’un nouveau livre (ah tiens, un scoop, enfin ?), on toque à la porte de ma chambre – qui se trouve être au rez-de-chaussée du chalet dans lequel habite mon père, où je passe quelques mois avant l’installation d’Eotopia.
J’ouvre et tombe sur un octogénaire, qui me dit :
– Vous n’auriez pas des allumettes ? Je suis parti des chez moi et je les ai oubliées… et j’en ai besoin pour brûler mes abeilles.

Abeille dessin

– Brûler vos abeilles ?? Pourquoi ça ?
– Parce qu’elles sont malades.
– Bah dites donc, et nous les humains, on nous brûle, dès qu’on est malade ??
– Ah mais moi je ne voulais pas, c’est le vétérinaire qui m’y oblige ! Moi vous savez, j’aime mes abeilles, je voulais les soigner. Mais le vétérinaire me dit qu’on n’a plus le droit de leur donner d’antibiotiques, parce que les humains, ils en prennent déjà trop, alors même juste quelques gouttes d’antibiotiques aux abeilles, c’est interdit ! Pourtant, il y a quinze ans, j’avais déjà eu des abeilles malades comme ça, et le médicament avait très bien fonctionné.
– De quelle maladie vous parlez ?
– C’est la loque.
– Alors, quand on a la loque et qu’on est une abeille, on doit être brûlé, c’est ça ? C’est pas cruel ?
– Ah mais hier soir, je les ai étouffées.
– Etouffées ?? Comment ça ?
– Bah j’ai vaporisé du nitrate, ça les endort aussi sec. Ce matin j’ai regardé, elles ne bougeaient toujours pas. Il faut que je les brûle, je sais pas trop où. Mon essaim est dans la voiture, avec les couvains et la ruche, je pense les emmener là-haut, au pied de la montagne.
– Mais il n’y a pas d’autre moyen ?
– Si si, j’ai regardé sur internet, il faut…
Et là le monsieur me décrit un processus assez compliqué, impliquant de faire jeûner les abeilles pendant trois jours, de brûler le couvain, d'effectuer des tas de manipulations dans la ruche… et ayant des résultats incertains. Or il ne peut se permettre l’incertitude car il a trois autres ruches et craint la contamination.
– Bon. Je trouve cela quand même vraiment affreux. Etre malade, et devoir mourir pour ça.
– Je vous assure que j’aime mes abeilles et que c’est très pénible pour moi ! J’ai toujours eu la passion des abeilles, mais je tenais un hôtel, à la Pointe Percée…
– Ah oui, la Pointe Percée. Mais, donc, vous n’êtes pas libre de les soigner comme vous voulez, vos abeilles ?
– Oui, c’est ça. Le vétérinaire, je suis obligé de faire ce qu’il me dit !
– Je vais voir si j’ai des allumettes.
Ai-je répondu, mesurant aussi vite que possible le pour et le contre, et craignant que plus le temps passerait, plus les abeilles courraient le risque de se « réveiller »…
Je suis revenue avec des allumettes.

Trois heures plus tard, l’apiculteur est repassé, pour me rendre la boîte d’allumettes et m’offrir un pot de miel.

Nous avons longuement parlé. De l’amour des animaux, de mon véganisme, de mon extrémisme ou pas, d’éthologie, de sa révulsion pour l’abattage hallal, de toutes les fois où il avait assisté à des abattages – poules, cochons, vaches… –,  de celles qui l’ont convaincu que l’animal n’avait pas vu sa mort venir (tel cochon auquel on avait donné une assiette de lait à laper et qui brusquement avait le crâne perforé par un pistolet), de celles où au contraire, il s’était senti horrifié et indigné, comme lorsqu'il avait observé ces dix poules auxquelles on avait tranché la langue et qu’on laissait se vider de leur sang, attachées par une patte, tête en bas…

Nous aimions les animaux, tous les deux.

Mais l’amour, il a souvent bon dos.

Mais, vraiment. L’exploitation de quiconque, quelle qu'elle soit, bio, en dilettante, hallal ou pas, c’est moche. Vous ne trouvez pas ?

Vous voulez que ça change ? Rendez-vous ici :
Marche internationale pour la fermeture des abattoirs !
> Marche internationale pour la fin du spécisme ! Par exemple à Genève, ou à Paris !

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13 février 2016

Méditation

Qu’est-ce que méditer ?

Peut-être, presque autant de définitions que de personnes ?...

Il y en a une toute simple qui a ma préférence ;  je l’ai lue dans « Le seul désir », d’Eric Baret : [...] Se sentir sans projet, voilà ce qu’on appelle la méditation. [...]

... Trop drôle, non ? Pour quelqu'une qui a rejoint le "projet Eotopia" !! N'est-ce pas contradictoire ?? Comment mêler goût de la méditation et engouement pour Eotopia ?

Bon. Quand on se sent sans projet, on est disponible. Dans l’écoute. Ouvert-e à tout ce qui se présente. Sans plus aucune restriction, sans ces œillères qui nous font croire que tout ce qui ne va pas dans le sens de nos attentes est à rejeter.

Cependant, cela ne signifie pas que la pratique de la méditation enpêche d'agir ! On peut tout à fait se lancer dans l’aventure Eotopia, par exemple (ouffff !!). Mais alors, il est senti que c’est comme un vent irrésistible qui nous pousse à agir, en fonction des circonstances, en fonction de comment elles résonnent en nous.

Aujourd’hui, voilà : je vibre pour Eotopia. Je sens que "je" n'y suis pour pas grand-chose, et qu’il n’y a absolument rien à gagner ou à perdre de personnel en m’engageant là dedans... puisque le "bonheur", même si c’est un mot dont ce projet semble volontiers paré, ne résidera toutefois jamais en lui, ni en d’hypothétiques résultats bénéfiques :

puisque le bonheur ne peut-être que là, maintenant.

Le bonheur, ou plutôt, mot moins abstrait, la joie tranquille, pure Joie immuable… la sentons-nous ?...

Là, maintenant ?...

 

Comme les nuages qui passent...

10 février 2016

"Nous ne consommons pas"…

Avant de découvrir ce billet, je vous conseille de lire la mini non-charte d'Eotopia : clic !

"Nous ne consommons pas…"

interdit

… quel dommage de se définir par la négative ! Et de se définir tout court !!

… Mais si j’écrivais : « Nous ressentons une joie, une paix, un amour tranquille et universel  à consommer en nous sentant indissociables de tout », combien d’entre nous effectueraient la connexion avec : « Donc, à Eotopia, on ne tue pas une mouche, on n’absorbe pas de fromage, etc. » ?...

Du coup, eh bien voilà, nous l’avons commise, et même écrite : cette petite liste de machins-trucs bannis d’Eotopia, en guise de « charte », histoire que nos visiteurs/euses sachent un peu quelle herbe ils/elles vont fouler !

… Mais nous n’avons pas l’impression de suivre des préceptes religieux. Ou de nous interdire quoi que ce soit, de nous astreindre à un régime sec. Il s’agit juste d’évidences qui découlent du fait d’avoir expérimenté joie, paix et amour  inconditionnel, lorsqu’on se sent profondément en phase avec tout.

Planche réalisée par Insolente Veggie

Ainsi, longtemps j’ai adoré manger de la viande. Mais si je continuais aujourd’hui, j’éprouverais une profonde tristesse, qui me gâcherait complètement le goût, parce que j’ai appris à me sentir intimement connectée à chaque animal. Sans viande, je me sens au contraire heureuse et libre : savoir qu’aucun être sensible n’atterrira plus, par mon inconséquence, dans les abattoirs, me réjouit et me donne le sentiment de faire un vrai choix (car non dicté par mes habitudes culturelles).

Ainsi, tous les aliments et produits cités pour exemples dans notre liste sont fortement reliés à la souffrance. Même l’alcool, même le café, même le sucre !! Incroyable, peut-être ? En fait, alcool, café, ou sucre, ne sont pas nécessaires pour être en bonne santé, et même, sont liés à nombre de pathologies humaines… en revanche, comme la plupart de ce qui est fabriqué par les humain-e-s, ces produits génèrent énormément d’autres problèmes : déforestations, pollutions par les transports, meurtres d’humain-e-s et d’animaux via ces transports, engorgement des hôpitaux, pour ne citer que cela…
Petit exercice de méditation : prendre au choix un des produits de notre liste, et rechercher toutes les nuisances qui ont permis son existence. Mettre ces nuisances en balance avec les prétendus bénéfices. Si vous jouez vraiment le jeu, vous constaterez que les nuisances sont presque infinies (car le plus souvent, de l’une d’elles découle une foultitude d’autres), et que les « bénéfices » sont en réalité des croyances socio-économico-culturelles (qui diffèrent selon les pays et selon la volonté politique des gouvernements).

Il y aurait énormément à écrire sur le sujet, et beaucoup d’autres angles sous lesquels l’aborder… Mais l’espace, et le temps, manquent !

… Alors, à bientôt, à Eotopia, pour parler de cela, ou de tout autre chose !

Merci à Insolente Veggie pour la BD, parue dans Alternatives Végétariennes.




10 février 2016

Un rêve : sauver des animaux...

Olympe et Zola

[Billet intimiste et particulièrement long.]

Soudain, le rêve de la petite fille, celle qui passait ses vacances chez son Papi agriculteur, allait pouvoir s’accomplir. Rêve de la petite fille devenue une femme, et nourrissant toujours la même profonde connexion avec les animaux, et qui avait en vain essayé de sauver un veau de l’abattoir, deux années plus tôt… Là, elle allait sauver plus d’une trentaine d’animaux !!! Et par la même occasion, sauver le paysan lui aussi, de son épouvantable condition de bourreau malgré lui !!! Et un message extraordinaire serait délivré au monde : un éleveur ne veut plus exploiter, ne veut plus tuer !!!

Cet éleveur, Tonio, était déjà devenu végétarien, pour sa santé, et par souci écologique. Il était tombé amoureux du projet Eotopia, et puisque notre philosophie l’exigeait, alors d’accord, il souhaitait devenir végane. Bon, il avait fallu lui expliquer et réexpliquer tout ce que cela signifiait. Il avait mis du temps à comprendre que cela impliquait de ne plus tuer. Ni d’agneau, ni de veau, ni de chaton, ni de mouche. Parfois encore, il frappait une vache, ou pouvait s’exclamer : « Prêle, de tout façon, elle va finir à l’abattoir ! » Mais on réexpliquait. On précisait, à chaque fois : « On ne veut rien t’imposer. On veut que tu comprennes, que ça vienne de toi. Pas pour nous faire plaisir. Tu as choisi d’accueillir Eotopia pour t’aider à passer en permaculture. Mais Eotopia, cela veut dire respecter tous les êtres vivants. Même les campagnols qui retournent le terrain. Mais les bébés chats qui font des crottes dans ta ferme… » Il se justifiait, on avait honte de le perturber autant, de nous poser en détenteurs d’une morale, de lui demander de changer autant de choses, si vite… Il disait de nouveau, avec son accent chantant des Pyrénées, qu’il n’y avait pas de problème, et que lorsque nous serions là, tout le temps sur place, ce serait plus facile… On voulait le croire… il avait l’air si épanoui, nous à ses côtés…

… sauf quand il ignorait que nous le regardions, et qu’alors on le surprenait à donner un coup à Marquisette, la belle et triste Aubrac, en pleine figure, ou à hurler des insultes, seul dans sa grange, à on ne sait qui…

… mais il était si surmené… dormant si peu… travaillant tellement… seul, depuis si longtemps… avec un atroce passé d’enfant battu… tout allait bientôt s’arranger : il aurait nos sourires, notre énergie, il n’aurait plus que quelques bêtes, enfin il pourrait se reposer un peu… enfin les animaux échapperaient à sa violence…

Marquisette et Prêle

Depuis toute petite, je ne supporte pas la souffrance, et plus particulièrement, celle perpétrée sur les animaux. Je me suis toujours sentie intimement reliée à eux. Enfant, je passais mon temps à demander à mon Papi pourquoi les cochons et les lapins devaient rester en prison, eux qui ne rêvaient que de liberté, de mouvement, de découvertes, de joie et de relations tendres. Je questionnais ma mère sur la mort des animaux que nous mangions… Le plus beau jour de ma vie : quand je suis revenue avec un chien et deux chats d’un refuge ; l’immense espoir, empli de l’appréhension de l’inconnu, que je pouvais lire dans leurs regards intenses me submergeait d’émotion. Le second plus beau jour de ma vie, c’était il y a quelques semaines seulement, quand Dominique, propriétaire du refuge Le Domaine des Douages, m’a annoncé qu’elle serait ravie d’accueillir… tous les moutons !!! Mon cœur bondissait de joie, j’avais envie de l’embrasser !!! Au contraire, le jour, ou plutôt les mois, les plus tristes de ma vie, furent ceux qui ont précédé et suivi la mort, dans des conditions dramatiques, de mon chat Riri… mais les jours que je vis en ce moment, résonnent aussi comme les plus profondément tristes de ma vie…

… Car les presque trente moutons et vaches que j’ai côtoyé-e-s quelques temps chez Tonio ne seront finalement pas sauvé-e-s.

Pourtant... j’avais trouvé des refuges pour les accueillir presque tous – seuls les taureaux mâles, non castrés, ainsi que la vache Marquisette, parce qu’Aubrac, une race réputée « de caractère », demeuraient pour le moment « incasables », représentant un « potentiel danger »… J’avais envoyé des photos, des descriptifs, je m’étais renseignée sur les prix des transporteurs, sur la prophylaxie obligatoire, etc… J’avais parlé et parlé avec Tonio pour m’assurer qu’il comprenait… notre petit groupe avait  convenu au consensus que cinq femelles highland et cinq brebis de son choix resteraient avec nous, pour vivre librement, juste pour le plaisir de vivre…

Pourtant... j’avais promis aux animaux qu’ils allaient connaître une belle vie, sans plus être exploités, sans plus, pour certains, être enfermés nuit et jour dans l’obscurité, la saleté, l’absence d’espace, et… sans abattoir à la clé !!! Nous avions échangé des regards emplis d’amour et d’espoir. J’étais certaine de revoir Vaillant, agneau que nous avions sauvé d’une mort annoncée. Sa maman, à cause d’une mammite, ne pouvait l’allaiter. Tonio avait déclaré, d’un ton détaché, qu’il allait donc mourir de faim !!! Sur les conseils de Dominique, du Domaine des Douages, contactée en urgence... nous sommes allés chez le vétérinaire, chercher de quoi le nourrir, et lui avons donné le biberon…

Vaillant… je t’aime… 

Avec Vaillant 

J’ai dû rappeler les refuges. J’ai dû entendre la profonde déception et la tristesse de Dominique, Morlind, Yolande, Laureen…

Je me suis sentie si honteuse…

Pour Tonio, il y avait eu cette chance énorme : ne plus exploiter ces animaux, ne plus rien leur demander, ne plus exiger, ne plus frapper, engueuler, obliger à faire ceci ou cela, ne plus tuer par procuration. Il y avait eu cette chance énorme : leur offrir des refuges, des endroits où des gens donnent gratuitement leur temps pour entourer d’amour et de bons soins des non-humains. Enfin faire quelque chose de bien de sa vie, enfin offrir quelque chose de superbe à La Vie.

De mon côté, il y aurait eu… tenter de rattraper un peu les erreurs de mon Papi, de mon côté, il y aurait eu… rembourser un peu de l’énorme dette que j’ai contractée à me nourrir pendant tant d’années de corps, de souffrance, l’énorme dette à simplement faire partie des humain-e-s.

Personne n’est obligé d'exercer un métier fondé sur l’exploitation d’individus et sur leur mort. Cela, tout le monde le sait. On a toujours le choix. Il existe des milliers de voies honorables pour « gagner sa vie ». Pour vivre, tout simplement.

C’est ce que j’ai écrit à Tonio, hier.

… Mais je ne crois pas à ces mots.  En fait, je ne crois pas qu’on ait jamais le choix de quoi que ce soit. Nous ne sommes que poussé-e-s par les influences, contraint-e-s à ressentir désirs et répulsions en fonction d’une foultitude de facteurs qui nous échappent, nous croyons décider, imaginer, évoluer et réfléchir quand nous ne faisons que reproduire et reproduire. Je ne crois pas non plus savoir quoi que ce soit. Quelle prétention de ma part, d’affirmer que tel parcours de vie serait meilleur qu’un autre !...Et... comment savoir avec certitude ce qui est juste, ce qu’il adviendra de telle ou telle action ??... 

Nous avons appris par la suite que Tonio nous avais menti, manipulé-e-s, caché des informations capitales sur sa situation juridique, qu’en vérité il comptait sur nous pour rembourser ses dettes, ce que nous avions commencé à faire. Nous aurions peut-être pu continuer. Mais pas dans les mensonges.  Pas dans les reproches perpétuels non plus, pas dans une violence verbale qu’il avait de plus en plus de mal à contenir.

Nous ne retournerons donc jamais chez Tonio. Je ne reverrai plus jamais Vaillant, Prêle, Marquisette, Ode, Olympe, Paillette et toutes ces autres petites personnes aux regards si intenses, si poignants, si curieux de tout, si craintifs et si doux…

Je ne connaîtrai jamais l’infini bonheur d’observer la crainte se transformer en confiance et joie…

Quelques brebis

Tout récemment, je me suis demandé pourquoi l’idée de retourner chez Tonio, jusqu’à ce que les animaux partent pour des refuges, ne m’avait pas effleurée… pourquoi n’ai-je pas fait l'effort de juste envisager de retourner et rester à la ferme le temps de libérer les animaux, pourquoi ai-je pensé qu'il était désormais impossible de les libérer au seul motif que la loi stipule que Tonio en est le "possesseur", et aussi parce que sinon, il n'aurait plus de "gagne-pain", en bref, pourquoi ai-je voulu respecter une loi fabriquée par et pour les seul-e-s humain-e-s, et pourquoi ai-je estimé qu'un seul individu, parce qu'humain, avait plus de valeur qu'une trentaine de non-humain-e-s ??...

... parce que j'ai un résidu de spécisme, parce qu'aussi, je manque de courage... cela aurait pris encore beaucoup de mon temps, de mon énergie, et m'aurait poussée à expérimenter directement une certaine violence, celle de manipuler quelqu'un pour une idée de la justice et du bonheur... ce dont je me méfie beaucoup...

... parce qu’aussi, au fond de moi, et comme écrit plus haut… je sais que je ne sais rien… comment savoir si le résultat de mon engagement n’aurait pas été pire, si Tonio n’aurait pas, alors, nourri une telle colère que des choses pires seraient advenues, comme la vente de son terrain à un exploitant industriel de veaux, de cochons ou de poules, par exemple ??...

Cela demeure : au moment où c’était possible, de l’amour a été transmis.

Cet amour ne peut mourir, il est en Vaillant, il est en moi, il est même en Tonio.

Il a toujours été.

Cela demeure aussi : je n’ai rien d’une Sauveuse - cette expérience me ramène à l’humilité.

…………….

Si vous souhaitez exprimer de la gratitude aux personnes magnifiques qui œuvrent dans les refuges et qui étaient prêtes à accueillir “nos” animaux, par des dons de mots, d’argent ou de présence :
- le domaine des douages
- la ferme des rescapés
- le sanctuaire d’avalon
- le petit refuge dans la prairie








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